La désinformation désigne « une fausse information produite délibérément pour porter préjudice à une personne, un groupe social, une organisation ou un pays » (Wardle, Derakhsha, 2017). Derrière la création et diffusion de fausses informations se cache l’intention de tromper, d’induire des individus ou des groupes de personnes en erreur ou de les manipuler.
La désinformation peut prendre diverses formes : fausses informations publiées dans la presse ou les réseaux sociaux, images truquées, vidéos manipulées, rumeurs, etc. Elle peut être diffusée dans des médias, des réseaux sociaux et par autres canaux de communication.
La désinformation peut être créée et diffusée par des individus, des groupes, des entreprises, des Etats ou des acteurs parrainés par l’État.
A contrario, la mésinformation désigne des fausses informations produites ou partagées sans intention de nuire (Wardle, Derakhsha, 2017).
Quelques définitions
François-Bernard Huyghe (2001) donne une définition de la désinformation dans L’Ennemi à l’ère numérique. Selon lui, « la désinformation consiste à propager délibérément des informations fausses en les faisant apparaître comme venant de source neutre ou amie pour influencer une opinion et affaiblir un adversaire ».
Pour Philippe Breton, « la désinformation est une action qui consiste à faire valider, par un récepteur que l’on veut intentionnellement tromper, une certaine description du réel favorable à l’émetteur, en la faisant passer pour une information sûre et vérifiée ».
Pour cela, l’attaquant doit savoir comment travestir une information fausse en information vraie, crédible et qui oriente l’action du récepteur dans le sens du producteur.
La désinformation exploite les préjugés, les biais cognitifs, les réactions émotionnelles et la dynamique sociale pour déclencher des réactions comme le clic ou le partage d’un post, favorisant ainsi sa viralité.
Les différentes couleurs de désinformation
A l’instar de la propagande, Michel Klen décline la désinformation en plusieurs « couleurs » : blanc, gris, noir. La désinformation blanche désigne des faits réels qui sont d’abord cachés puis finalement révélés au grand public, souvent des années plus tard.
La désinformation grise correspond à un mélange de vérités et de mensonges. Se mêlent alors des faits crédibles et vérifiables, et des informations fausses. Difficile alors de démêler le vrai du faux.
La désinformation noire repose sur des informations inventées de toutes pièces et qui finiront par être démasquées. Qu’importe, l’important est d’être le premier à donner une version des faits (l’avantage est à l’attaquant), et de semer la confusion dans les esprits.
Conséquences de la désinformation
D’un point de vue politique et social, la désinformation peut exacerber les conflits existants ou provoquer des troubles sociaux en diffusant de fausses informations qui alimentent les tensions, l’hostilité et polarisent les opinions et les divisions au sein d’une société. Elle peut constituer une menace pour les processus démocratiques, y compris les élections, en cas d’ingérences et de manipulations étrangères par exemple. En cela, elle peut miner la confiance des électeurs ou orienter le débat politique.
D’un point de vue géopolitique, la désinformation est utilisée par des Etats pour nuire à l’image d’un pays ou justifier une guerre.
« Lorsque Colin Powell dénonce la possession par Saddam Hussein d’armes de destruction massive, au conseil de sécurité des Nations unies, ce n’est pas de l’information. (…) On est dans la désinformation. » (Boniface, 2014)
La désinformation peut également porter atteinte à l’économie et à la réputation des entreprises. De fausses informations sur des produits, des services peuvent entraîner des pertes financières et avoir un impact sur le comportement des consommateurs. Elle peut ainsi déstabiliser une entreprise, engendrer un boycott, faire acheter un produit au détriment d’un autre en détruisant la confiance des consommateurs.
Elle façonne les perceptions des personnes sur différents sujets, assure la promotion d’une idée, influence l’opinion publique et impacte les processus décisionnels.
Enfin, la désinformation érode la confiance dans les sources d’information comme les médias ou les institutions.
Comment lutter contre la désinformation ?
La lutte contre la désinformation est complexe et difficile. D’une part, la surabondance d’informations (infobésité) rend difficile la distinction entre les informations vraies et les informations fausses. D’autre part, les fausses informations se propagent plus vite que les informations exactes. Elles sont souvent diffusées par le biais de faux comptes. Il peut être difficile d’identifier la source originale car ce travail nécessite des moyens humains et financiers pour mener des enquêtes. Le mieux reste encore la sensibilisation.
« La lutte contre la désinformation ne peut être légitime dans la défense des sociétés démocratiques que si elle est fermement arrimée à leurs valeurs. Elle ne peut être efficace pour enrayer la propagande que si elle s’appuie sur la transparence et la probité intellectuelle ; en d’autres termes si elle ne s’apparente pas à de la contre-propagande » (Cadier, 2017).