1/ Elle inclut la production de contenu

La fabrication de l’ignorance va de pair avec la création de contenus. Il existe plusieurs stratégies. L’une d’elles consiste à financer des articles scientifiques, des colloques, des recherches pour présenter des résultats sur un sujet allant dans un sens précis. Le but ? Créer des contenus orientés ayant une certaine autorité et vous induire en erreur.

Avec l’agnotologie, il est aussi possible d’induire des entreprises, des départements R&D en erreur.

Au Japon, à la fin des années 1970, de nombreux articles scientifiques sur les moteurs à céramique sont publiés. Rapidement, les départements R&D de grands constructeurs automobiles identifient cet afflux d’articles et se lancent eux aussi dans ce champ de recherches… pour découvrir au final qu’il s’agit d’une voie sans issue.

Que s’est-il passé ? Les constructeurs japonais avaient déjà travaillé sur le sujet dans les années 70 et s’étaient rendus compte de l’impossibilité de fabriquer des moteurs à céramique. Mais pour garder un avantage concurrentiel, les Japonais ont publié énormément d’articles sur le sujet.  En effet, pendant que Renault, Volvo et Mercedes travaillaient sur les moteurs à céramique, les constructeurs japonais, eux, travaillaient déjà sur autre chose…

2/ Elle sert à créer le doute

Pour créer du doute, une méthode vise à créer toutes sortes de contenus sur un sujet tous azimut. L’information est tantôt exacte, tantôt fausse. Cette stratégie a pour objectif de créer du « bruit », comprenez un « brouillard informationnel ». Ne sachant plus que croire, ni qui croire, une personne va se tourner vers des personnes d’autorité ou des médias… qui peuvent eux aussi être manipulés. Ou bien, la personne perdra du temps à chercher des informations, ce qui jouera sur les délais de prises de décision.

3/ Elle consiste à supprimer des informations et à réécrire l’histoire

A cause d’un passé trouble ou peu glorieux, états et entreprises peuvent être tentés d’effacer une partie de leur histoire.

Dans ce cas, la production d’ignorance prend la forme de suppressions d’information. Des pans entiers d’histoire sont supprimés des livres voire des programmes scolaires. Dans le cas des sociétés, les outils de communication « oublient » de mentionner toute l’histoire de l’entreprise ou de son fondateur, ou bien procèdent à un nettoyage du web.

La production d’ignorance vise la sphère cognitive. En orientant des recherches scientifiques, en proposant un autre narratif, l’idée est de jouer sur les prises de décisions et d’amener les personnes à avoir une action favorable par rapport à un objectif visé.